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Niveler vers le haut

Optimiser l’entraînement, partie 2 : L’importance ne niveler vers le haut!

(Adaptation en 2022 d’un article publié dans l’édition 18 de Workout Mag en 2017 par Matthieu Dubreucq).


Nous vivons dans un monde où il est normal de recevoir une médaille participative. Car participer, c’est déjà être un gagnant. Bien qu’il soit important d’encourager les gens à bouger, il faut faire la différence entre la réussite personnelle et le fait d’être Champion du monde. Imaginez, si nous organisions un 5 km de course et que tout le monde recevait une médaille sans tenir compte du temps, quel intérêt y aurait-il à aller plus vite que les autres ? D’un autre côté, si tout le monde reçoit une médaille et que les trois premiers reçoivent des médailles différentes, on s’accordera à dire que les leaders ont eu une « vraie » médaille. Dans la tête des gens, il est normal que celui ou celle qui gagne soit récompensé, mais on entend souvent dire que l’important est de participer. Comment démêler les deux dans une box ?


La première étape passe par l’éducation. Il faut différencier réussite personnelle et réussite absolue. L’une est un cheminement de toute une vie pour devenir un meilleur athlète, une meilleure personne, l’autre est une photo dans le temps de notre capacité par rapport à celle des autres. Ce n’est pas parce que j’ai fourni un effort considérable dans une compétition, sans même être n°1, que je mérite une médaille. Une compétition est faite pour trouver le ou la meilleure. C’est un test. C’est le moment où la capacité physique du jour est récompensée. Pas l’effort.

À l’entraînement, c’est là qu’on met de l’effort, c’est là qu’il faut féliciter le travail accompli. Un bon partenaire d’entraînement n’est pas nécessairement un bon compétiteur et un bon compétiteur n’est pas nécessairement un bon partenaire d’entraînement. Le constat est simple : il faut récompenser l’effort à l’entraînement et récompenser le résultat en compétition (si l’objectif est d’être un compétiteur bien sûre).

Les coachs doivent passer beaucoup plus de temps à récompenser l’effort, les valeurs d’entraînement ainsi que la discipline, et peu de temps à parler des résultats, donc de compétition. Quand le temps est venu d’aborder les résultats, il ne faut plus parler d’effort et vice et versa.


La première grosse erreur est de récompenser le résultat en training et l’effort en compétition. Pour mettre cela en place dans les centre d’entraînement, il faut que la majorité des entraînements aient des objectifs d’effort. Prenons des exemples très concrets : « Lorsque je repose la barre au sol, je dois accomplir une répétition de plus », ou « Je vais garder les bras tendus jusqu’à l’ouverture des hanches en clean », ou encore « Je vais faire tous les double unders, peu importe le temps que ça me prend dans ce WOD ».


Tandis qu’en période de test ou de compétition, il faut des objectifs de résultat. Par exemple : « Je veux me retrouver dans la moitié supérieure du classement », ou « Je veux réussir 100 kg à l’arraché » ou encore, « Je veux me qualifier pour telle compétition dans le top 15 ». C’est un changement de culture qui peut prendre du temps, mais qui n’est pas si difficile à mettre en place. Nous pensons que ça part du haut, donc, c’est aux coachs de montrer l’exemple et de ne pas être celui ou celle qui à la fin de l’entraînement dit « Je suis déçu, je voulais mettre moins de 10 min pour finir ce WOD ». On devrait plutôt entendre : « Je suis déçu, car je voulais respirer une fois par thruster et je n’y ai pas pensé durant le workout » ou encore mieux « Je suis content, j’ai maintenu les coudes vers l’intérieur dans tous mes doubles unders ».

Prenons le contre-exemple durant une compétition, le coach ne doit pas être celui ou celle qui dit : « Je n’ai même pas regardé mon score, j’essayais juste de respirer durant le WOD », nous devrions entendre « Je suis content, j’ai fait les pull-ups en séries de 25 comme je l’avais planifié avec 10 secondes de pause, ça m’a permis de passer sous la barre des 10 minutes comme je voulais ».


Les coachs veulent programmer leurs séances pour mettre les meilleurs du groupe au défi. C’est en programmant des mouvements et combinaisons qui ne sont pas toujours faisables pour les meilleurs que même ces derniers doivent se fixer sur le processus et non juste sur le résultat pendant l’entraînement. Il est aussi plus facile de convaincre les débutants et intermédiaires qu’il est normal de planifier des entraînements pour travailler sur un processus d’amélioration — et non juste d’essayer d’avoir le meilleur résultat en entraînement — s’ils voient des adhérents confirmés suivre le même chemin.


Mais le processus, c’est quoi ? C’est faire face à un défi tous les jours. C’est comme ça que vous deviendrez meilleur. Si vous arrivez tous les jours en face de quelque chose de facile et bien vous nivelez vos attentes vers le bas. Au contraire, si vous arrivez tous les jours devant un défi de taille, peut-être même un défi qui vous fait douter de vos capacités, c’est là que l’entraînement est efficace. Comment appliquer ça dans une box ? Les coachs doivent programmer des mouvements et combinaisons basées sur ce que les athlètes devraient atteindre et non sur ce qu’ils sont capables de faire. Donc si personne ne fait de muscle-ups, il faut des muscle-ups dans les entraînements. Après, c’est aux coachs de modifier, enseigner et coacher les athlètes pour y arriver. Une personne le fera, puis deux, puis trois, puis ça devient la norme et tout le monde suit. Dans les entraînements « faciles », les coachs doivent ajouter des contraintes.

Exemple : aujourd’hui c’est le Benchmark CINDY. Le défi est de faire un round en 40 secondes. Tout en sachant que même le meilleur athlète de la box aura du mal à suivre ce rythme. Ce que nous abordons là n’est pas facile, il faudra que les coachs démontrent une bonne connaissance de leurs athlètes pour leur offrir le défi du jour qui les fait douter, mais qui les tirera vers le haut.

Bien sûr, certains trouveront la hausse du niveau décourageante. Les membres diront : « C’est embêtant, on ne peut jamais atteindre le RX ». C’est là qu’il faut leur expliquer que la vie est faite ainsi. Certains sont plus forts, plus grands, plus beaux, certains ont même une génétique qui leur permet de moins s’entraîner et d’être tout de même meilleurs, d’autres font peut-être même le choix de tricher, par contre, dans le cas présent, on parle d’entraînement. À l’entraînement, on met le focus sur notre processus. Le voisin n’a aucune influence sur votre processus. Il faut apprendre à célébrer ses améliorations et aimer son processus, pas celui de l’autre. Le seul moment où l’on regarde l’autre, c’est en compétition.

Venons-y, parlons de compétition ! Il faut enrayer le syndrome du gros poisson dans le petit aquarium. Même le meilleur de la box n’est pas nécessairement le meilleur aux Open. Prenez Mat Fraser, il a gagné les Games 5 fois, mais pas les Open ! Donc, ne laissons pas certains athlètes dits « Élite » penser que ce sont les meilleurs du gym. Il revient aux coachs de les mettre face à la réalité : « Quel est ton résultat aux Open ? », « Ah oui, tu es le meilleur au monde... dans ta rue ! », « Et dans le vrai monde, c’est quoi ton vrai résultat ? » Donc, même les meilleurs athlètes doivent faire face à la réalité. Comment s’y prendre ? En programmant les WODs des Games, Regionals et Open et en établissant une comparaison avec les véritables meilleurs au monde. Nous sommes sûrs que les vrais Champions sont conscients qu’à l’entraînement, le processus prime dans leur approche. Sans quoi, ils risqueraient de ne plus être les meilleurs. C’est quand ça compte que ça compte, point barre. Aussi, il faut bien être conscient que même notre effort maximum n’est pas suffisant pour être le ou la meilleur(e) au monde. Savoir qu’il n’y a qu’une seule personne meilleure au monde à la fois est, à vrai dire, une chose saine. La programmation doit permettre de viser la Lune et d’atterrir dans les étoiles.

Non pas de viser vers le bas et atteindre la cible ! C’est un état d’esprit qui n’est pas seulement vrai en CrossFit : c’est la vie !


Nombreux sont les pratiquants ayant du mal à saisir qu’en réalité c’est le fait de ne pas être les meilleurs qui les poussent à devoir s’améliorer. Nous entendons beaucoup ce genre de propos : « C’est décourageant de voir que je suis si nul ». C’est cela qui incite les coachs à faire des entraînements permettant à ces gens de se dépasser, en ayant l’illusion de faire du RX alors que le WOD a tout simplement été dilué pour leur ego.


Le problème, c’est que ce mécanisme est celui-là même qui garde ces athlètes « satisfaits » d’être à un niveau moyen. Lorsqu’on les oblige à être dans un environnement qui est au-dessus de leur niveau, inévitablement ils passent par une phase inconfortable, mais ils s’améliorent à vitesse grand V jusqu’à ce qu’ils soient dans la moyenne supérieure. À cette étape, le coach doit encore augmenter le niveau, et, comme nous l’avons vu précédemment, il doit faire une programmation au-dessus du niveau de tous les athlètes de la box, les garder en situation inconfortable et de ce fait, toujours en situation d’amélioration.

Bien sûr, il faudra des journées plus faciles où tous pourront réussir un WOD RX, mais l’idée est que tout le monde, la majorité du temps, soit en situation inconfortable face au WOD du jour. Inconfortable par rapport au temps à faire, au poids à soulever, au nombre de reps, à la technique à utiliser, etc.


Amis coachs, faites le test, vous n’avez pas grand-chose à perdre d’autre que d’augmenter le niveau de vos athlètes. Souvenez-vous qu’avant que Roger Bannister ne coure le mile en moins de 5 minutes, personne ne le faisait. Aujourd’hui, des adolescents en sont capables. Nivelez par le haut vos athlètes !






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